Killiok (Anne Brouillard)
Quel charme ce Killiok ! On sent que l’autrice s’est créé un petit coin de paradis, bordé de pins et de bouleaux, au bord du lac. Une forêt primitive au sein de laquelle les personnages de ce monde idyllique vivent une petite vie tranquille et heureuse, en toute simplicité. Les tableaux d’Anne Brouillard sont somptueux. Je pense que c’est pour la vibrante quiétude qui émane de ces peintures, et pour l’exotisme des maisonnées au bord du lac, que ma fille me réclame encore et encore cette histoire sans prétention. C’est au fond tellement réconfortant. Je ne me lasse pas de la raconter.
Shook (algiers)
Algiers est un groupe de fusion électro-punk / gospel unique en son genre. Très politisés, ils appellent à l’éveil des consciences, ainsi qu’au soulèvement des populations contre leurs oppresseurs. Depuis bientôt dix ans, la révolution gronde dans leurs textes parfois qualifiés de Soul Dystopique. Quoi de plus normal que ce quatrième album ajoute le hip-hop à son melting-pot d’influences. Le cocktail est explosif – c’est peu dire qu’on ne s’ennuie jamais !
Un épisode dans la vie du peintre voyageur (César Aira)
Au XIXème, le peintre voyageur Rugendas, en expédition dans la pampa argentine, va connaître une aventure impensable, une expérience humaine extrême.
César Aira est un écrivain fascinant. Il pense son œuvre littéraire comme de l’art en mouvement. Ses courts romans sont écrits d’une traite, et cette expérience immersive pour l’artiste se ressent forcément dans son écriture, qui a tendance à vagabonder et dont certains passages sont d’une formidable intensité. Il en va de même pour cette aventure, tirée d’une histoire vraie, qui paraît faite sur mesures pour rencontrer les improvisations de l’écrivain. Ce roman a connu un grand succès en Argentine à sa sortie. Passée la stupeur de la lecture de cette histoire hors normes, il m’a donné envie de mieux connaître l’écrivain.
Les chiens pirates
Dans les griffes de Barbechat ! (Clémentine Mélois)
Les chiens pirates sont loin d'être aussi terrifiants qu'ils le pensent. En perpétuelle recherche du trésor de croquettes, armés de leur seul appétit, ils nous embarquent pour de drôles d'aventures.
Un album réjouissant qui se lit sur une semaine, un chapitre par soir (attendez-vous à ce qu'on vous réclame du rab), pour toute la famille.
Eloge de l'amour (Alain Badiou)
Voici un court essai pop et rafraîchissant, une tranche de philosophie pour tous et qui s’avale d’une traite. On en sort ravigoté, bien décidé à ne pas laisser sa soif d’amour tourner à l’égoïsme.
Le conte de fées d'Harold (Crockett Johnson)
Le bébé Harold se promène avec son crayon magique. Il invente et dessine lui-même, en temps réel, les aventures qui semblent malgré tout s’imposer à lui.
Un concept original, un bébé audacieux, et voilà un classique de la littérature pour enfants réédité chez MeMo, à découvrir absolument.
Ma fille et moi y sommes souvent revenus, pour les lectures du soir, l’année de ses quatre ans.
Une vie à brûler (James Salter)
Combien sont-ils les grands écrivains dont la vie a été si palpitante qu’une autobiographie puisse se hisser au rang de leurs meilleures fictions ? Pilote de chasse, avant de prendre la plume, James Salter fait figure d’exception. Son passage à Westpoint est mémorable. Son témoignage sur la guerre de Corée, lui, est époustouflant. On le suit dans ses combats aériens, obsédé par la gloire qu’il entrevoit pour son compte, mais dont seuls les meilleurs pilotes sont auréolés. Jour après jour, il risque sa vie, à 2000 Km/h, face aux Migs russes ennemis.
La figure tutélaire de Saint-Exupéry n’est jamais loin. Le style est puissant, l’aventure sans pareille.
La seconde partie du livre relate sa carrière littéraire, quand après avoir quitté l’armée, il se consacre à l’écriture. On y rencontre des personnages inattendus, dont certains sont passionnants.
Sa vie amoureuse est loin d’être ennuyeuse. Pudique, on sent néanmoins que tout est dit.
Il est clair que l’auteur n’essaie pas de se cacher, de se protéger derrière des faux-semblants, ni même d’enjoliver. Cette sincérité est précieuse.
Le ravissement de Britney Spears (Jean Rolin)
Un espion qui ne sait pas conduire à Los Angeles, comment dire… Britney Spears serait-elle prise pour cible par des terroristes ? En bus, donc, notre humble serviteur de la DGSE organise une éventuelle protection et d’improbables filatures de la grande icone de la musique pop américaine. Son modus operandi : essayer de repérer la chanteuse d’après les rumeurs colportées par les tabloïds…
Jean Rolin qui plus qu’à l’occasion s’empare de sujets déroutants, compose un roman loufoque et vivifiant, jamais ennuyeux, sur l’impuissance d’un homme en déshérence dans la très grande cité des anges, devenu expert en potins de stars, ainsi qu’en transports en commun.
Détective Samson (Katerina Gorelik)
Détective Samson, brave toutou qui entreprend de résoudre six enquêtes d’une seule traite, se perd dans un monde fait de tableaux drolatiques et colorés. Un cherche et trouve d’un niveau intermédiaire qui séduit par son dessin agréable et ses situations fantasques. Un incontournable du genre.
Une année à la campagne (Sue Hubbell)
Sue Hubbell, apicultrice et phénomène littéraire sans prétention, nous invite à la suivre chez elle, dans sa ferme des monts Ozarks, territoires reculés du middle-west américain.
Divorcée, elle continue seule et courageusement l’exploitation de 300 ruches et 18 millions d’abeilles qui produisent – figurez-vous – jusqu’à 14 tonnes de miel par an. Dorénavant, pour son voisinage haut en couleurs, elle est « la dame aux abeilles ».
Voilà un petit ouvrage charmant, plein de douceur, d’anecdotes et d’ironie, qui fait la part belle aux insectes et bêtes de la campagne avec lesquels il est possible (on ne vous ment pas) de vivre en harmonie.
Les éclats (Bret Easton Ellis)
Bon sang, quel éclat ! Habitué des pavés sanguinolents, Bret Easton Ellis se met en scène dans une autofiction horrifique d'une maîtrise qui laisse sans voix. Quinquagénaire nostalgique, l’écrivain se souvient. Mais ses amours adolescentes y sont bientôt prises en étau, entre faux-semblants de camaraderie lycéenne, paranoïa et crimes en série.
De la première à la dernière page, dans un Los Angeles odieusement friqué, d’une puissance d’évocation époustouflante, l'enchevêtrement des intrigues ne vous lâche plus. J'en suis sorti exsangue. J'espère que vous oserez tenter votre chance.
Ctrl-X (Pauline Peyrade)
Un bel objet d'écriture hybride!
Une pièce de théâtre tout en textos, courriels, vidéos, coups de fils et recherches Wikipédia...
Déroutante, une belle chevauchée nocturne avec Ida, spectre volatil et émouvant, qui, non sans drôlerie, affronte ses démons à la sauce 2.0.
Theatre (Yasmina Reza)
Trois pièces délicieusement cruelles de Yasmina Reza, qui, comme d'habitude, parlent aussi bien au cœur qu'à la raison. On les lit d'une traite, ces réjouissantes chamailleries, tant elles sont drôles, pétillantes et bien ficelées!
Les aventures d'Augie March (Saul Bellow)
Le chef-d’œuvre stratosphérique de Saul Bellow, prix Nobel de littérature et arpenteur joyeux de l’âme humaine.
Un roman-fleuve sur l'éducation du jeune Augie qui, s'extirpant des rues boueuses de Chicago va partir à l'aventure, à la recherche de l'amour, de la réalisation de soi et, par là, d'un sens à sa vie.
Texaco (Patrick Chamoiseau)
La chronique sur trois générations de la fin de l'esclavage à la Martinique, le tout délicieusement enrobé par la langue teintée de créole de Chamoiseau. Rocambolesque, souvent très drôle et passionnant. Prix Goncourt 1992.
The last family (Jan P. Matuszynski)
Voilà un portrait de famille saisissant!
Le père était un peintre adulé en Pologne, qui avait la fâcheuse manie d'enregistrer et de filmer tout ce qui se passait dans le modique appartement familial qu'il ne quittait presque jamais.
Le fils était un animateur radio vedette, égo-maniaque et suicidaire.
Les deux grand-mères, des grabataires alitées qui risquaient bien d'y passer à tout moment.
Quant à la mère, elle était une dame d'esprit et de sentiments, pour ainsi dire le liant de tout ce beau monde.
Un biopic drôle, nerveux, glaçant parfois, qui rend magistralement cette intimité explosive de "la dernière famille".
Coin Coin et les z'inhumains (Bruno Dumont)
L'enquêteur Van der Weyden est de retour, plus extravagant que jamais! Le délire comique du réalisateur Bruno Dumont poussé à son paroxysme.
The VVitch (Robert Eggers)
Un film brillant dont les ambiguïtés et la paranoïa participent d'un éprouvant climat horrifique, en même temps que d'une dénonciation du fanatisme religieux.
La mise en scène, loin des artifices du genre, laisse ses acteurs, époustouflants, mener le bal des sorcières.
P'tit quinquin (Bruno Dumont)
Le réalisateur Bruno Dumont aux commandes d'une série policière mystico-burlesque dont on attend la suite avec impatience.
Juste hilarant!
La vitesse foudroyante du passé (Raymond Carver)
La prose de Raymond Carver a souvent été qualifiée de « minimaliste ». Ce n’est qu’une façon pratique, et sans doute un peu facile, de qualifier un auteur qui exprime beaucoup avec peu de mots. On pourrait dire, plutôt, que sa poésie est universelle. C’est celle du quotidien, de la matière, de questionnements existentiels qui sont ceux de tout le monde, mais n’en sont pas moins profonds.
Digne héritier d’Hemingway et de Tchekhov, Carver est surtout connu pour ses recueils de nouvelles. Une occasion de (re)découvrir son œuvre poétique que lui-même, de son aveu, préférait à sa fiction.
Jazz (Toni Morrison)
1926, USA. Joe Trace vient de tuer sa jeune maîtresse. Folle de jalousie, Violette, la femme de Joe, se rend aux funérailles pour défigurer la dépouille de sa rivale. Dès lors, dans cette maisonnée en deuil, Violette va tenter de s’expliquer la violence de leurs gestes et de renouer des liens avec son mari anéanti.
Jazz, c’est l’histoire de la passion amoureuse, avec son lot de désirs, de morts et de renaissances. C’est l’histoire d’Afro-américains doublement déracinés, parce qu’ils quittent les campagnes et les champs de coton pour des villes qui les fascinent autant qu’elles les dépassent. Mais Jazz, c’est avant tout la musique des mots, le rythme des pulsions aux croisées de la démence, de la rédemption et des ravages du temps.
Le chaste monde (Régine Detambel)
De l’autre côté du Rhin, la Révolution Française bat son plein. Le jeune Axel von Kemp, botaniste et scientifique homosexuel berlinois, se prend d’un improbable amour pour Lottie, une femme mariée, aussi impulsive que passionnée. Ensemble, ils s’embarquent pour le Nouveau Monde et une folle aventure qui les mènera de la forêt amazonienne à la Cordillère des Andes.
Quatre par quatre (Sara Mesa)
Le Wybrany College, établissement d’élite pour adolescents fortunés, a tout l’air d’une prison pour certains étudiants boursiers… en particulier pour Célia, qui tente de fuir en entrainant ses amies avec elle.
Un roman polyphonique qui tient en haleine et finit par révéler sa petite musique démoniaque.
Une heure de jour en moins (Jim Harrison)
Jim Harrison est le bouddhiste zen qui n’y croit pas.
Sa tristesse, qui vire parfois à la mélancolie, lui vient d’une conscience aiguë de la mort et de la brutalité du monde, terre des hommes et des bêtes qu’il nous restitue avec des mots simples, parfois ironiques et malicieux, mais qui débordent d’empathie.
Inlassablement, il observe rivières et oiseaux, ces cours d’eau qui semblent ne jamais devoir s’arrêter et ces animaux libres s’il en est.
Des poèmes choisis et des inédits, dans une excellente traduction de Brice Matthieussent, qui illustrent à merveille la constance de la vision de cet auteur amoureux de la nature.
Aferim ! (Radu Jude)
Une vraie surprise que ce western roumain, aux personnages épicés et qui revendiquent pêle-mêle leur haine ou mépris des femmes, des vieux, des jeunes, des paysans, des russes, des ottomans, des juifs, des curés et des gitans!
On rit beaucoup de ce shérif de pacotille qui chevauche à travers plaines, montagnes et forêts, dans la Roumanie du XIXème siècle : voilà une excellente satire sur l'intolérance et la bêtise!
Lions love (... and lies) (Agnès Varda)
Crinières, hippies, Hollywood et princes fumant...
Agnès Varda filme avec tendresse trois graines de stars des 60's qui jouent ici (plus ou moins) leurs propres rôles. Il est beaucoup question d'amour libre, de fleurs (souvent en plastique), d'Andy Warhol et de l'assassinat de Robert Kennedy.
Drôle, historique, intelligent et touchant!
Zazie dans le métro (Louis Malle)
Film burlesque et loufoque, hilarant, tiré du roman de Raymond Queneau.
Louis Malle y multiplie les gags visuels et les écarts poético-délirants.
Un bijou !
La fête de l'insignifiance (Milan Kundera)
Un Milan Kundera qui n’a plus rien à prouver et déroule sans fard un roman parisien drôle et épatant!
Valparaiso (Don DeLillo)
Livia et Michael sont pris dans un tumulte médiatique démentiel quand ce dernier, par erreur, embarque dans un avion pour Valparaiso, au Chili, alors qu'il voulait se rendre pour un voyage d'affaires à Valparaiso, dans l'Indiana.
Entre rires et effarement, une pièce de théâtre jubilatoire sur les dérives de l'information en continu!
It's so hard to tell who's going to love you the best (Karen Dalton)
Renversante de délicatesse et de générosité, la voix de Karen Dalton va droit au cœur, elle berce et hypnotise, simplement magnifique!
Le palais de glace (Tarjei Vesaas)
Un conte sur l’enfance et la nature, une nature magnifique et hostile, omniprésente, à laquelle on ne peut échapper.
Poétique et glaçant.
Et rien d'autre (James Salter)
La quête d’amour de Philip Bowman, éditeur à succès qui sur trois décennies aura connu le mariage, quelques aventures torrides et le goût amer de la trahison.
En toile de fond, les frasques érotico-sentimentales du tout New-York et au-delà...
Motorman (David Ohle)
Moldenke, harcelé par un certain Bunce, s’enfuit et quitte la ville pour un monde fantomatique, à la recherche de Roberta son grand amour perdu des années plus tôt.
Un livre fantasmagorique, original et ambitieux, véritable ovni d’humour et de poésie.
Glaneurs de rêves (Patti Smith)
Un récit intimiste et follement poétique sur les jeunes années de l’artiste, véritable déclaration d’amour à l’enfance et ses rêveries.
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