Voici un récit qu'on pourrait qualifier d'"hydro-poétique", tant l'écriture de Bérengère Cournut irrigue de toute sa beauté l'histoire d'une famille dépossédée de sa figure maternelle. Dissoute dans les eaux d'un vallon du bassin parisien, la mère Odile laisse une fratrie et un mari obsédés par la recherche d'une source perdue qui traverse leur terrain. Un récit aux accents gracquiens, souvent raconté à hauteur d'enfants, qui vous transportera par sa poésie.

Belezi continue de creuser son sillon algérien et nous fait vivre la conquête de la terre algérienne à hauteur de colon et de soldats. C'est cru, très cru et ça remet les idées en place :-) On pense à Capitaine Conan ou à Steinbeck. Comme le dit la journaliste Lucie Commeaux dans Affaire critique : "La colonisation ainsi écrite n’est pas une doctrine ou un principe, elle est une basse tâche, un bain de sang, de viscère, de sexe et de gnôle qui noie tout le monde."

A la sortie du tome 7, j'ai découvert cette BD qui nous dévoile le quotidien de jeunes ivoiriens. J'ai adoré le parler d'Abidjan et les mésaventures tragi-comiques des 3 copines Aya, Bintou et Adjoua. Sous couvert d'histoires de cœur et de démêlés familiaux plutôt tordants, l'auteur aborde des sujets plus graves et contemporains.

Un film très tendre sur l'acceptation de la différence, pour les plus petits. Il aborde mine de rien des sujets de "grands" comme la manipulation politique et la maltraitance. La trame narrative peut faire penser au Kid de Chaplin. Et puis, il y a l'amour de la lecture, qui se transmet de mère en fille!

Un premier roman dont l'ambiance nous évoque les films de Claude Chabrol, avec des thèmes très actuels (réseaux sociaux, immigration). On assiste à la mise sous emprise progressive d'une famille bourgeoise parisienne. La lecture est prenante et la fin renversante!

Un recueil de nouvelles littéraires dont l'écriture oscille entre liberté et densité, à l'image des tranches de vie des figures célèbres qu'il convoque : Cocteau/Radiguet, Roland Barthes, Jacques Rigaut, Eileen Gray. Leurs histoires sont mises en regard de destins contemporains : un ado éconduit, une comédienne recluse et un traducteur solitaire. Des nouvelles qui parlent de désir d'émancipation et d'amours contrariés. Une lecture à la fois fugace et intense.

Un roman savoureux de l'auteure américaine Lionel Shriver qui met en scène un couple de soixantenaires aux prises avec la peur du déclin et le culte de la performance physique. Faut-il à tout prix rentabiliser son "capital corps" ? Leur amour parviendra-t-il à triompher du sport-religion ? Tout au long du roman, Lionel Shriver aborde également d'autres problématiques sociétales : appropriation culturelle, wokisme au travail, communautarisme religieux etc. Une analyse très juste de nos rapports humains occidentaux.

Je conseille la lecture rapide, mais non dénuée de profondeur, des 6 essais de Zadie Smith, auteur britannique confinée à New-York au printemps dernier. Il s'agit d'une micro-autobiographie assortie de réflexions engagées sur le racisme et les inégalités. L'auteur y fait des descriptions amusées des personnages de son quotidien face à la survenue de la pandémie (SDF du coin, voisine de palier, employés du bar à ongles de sa rue etc).

Je recommande la lecture de cette enquête documentée sur la nébuleuse des écoles hors contrat (de la pédagogie Steiner aux écoles religieuses de toutes confessions) et de l'instruction à la maison. Riche d'enseignements pour se faire un avis sur un sujet d'actualité !

Dans une prose poétique, Joseph Ponthus nous fait vivre au plus près le quotidien d'un ouvrier dans un abattoir. Il a vécu cette expérience lui-même, en Bretagne. J'ai trouvé ce témoignage attachant et percutant. L'auteur convoque de multiples références littéraires et musicales en les associant aux rituels, aux galères et aux rythmes de vie déphasés d'un intérimaire en usine.

Au travers de courts chapitres, Olga Tokarczuk nous narre les histoires entremêlées des habitants d'un petit village polonais, de 1910 à 1980. J'ai été rapidement accrochée par cette chronique qui donne à voir les parcours de vie de polonais ordinaires, à travers les deux guerres mondiales et l'ère communiste.

Jojo est un petit garçon farceur qui décide de se déguiser pour effrayer sa maman. Les illustrations sont graphiques, tape-à-l’œil et plaisent beaucoup aux enfants. Je recommande!

Mes enfants (5 et 3 ans) ont beaucoup aimé cette histoire de belette qui a peur de la pluie, du vent et la tempête. Elle choisit de se barricader dans une forteresse. Jusqu'au jour où une taupe fait irruption dans sa vie et lui montre que l'on peut aussi voir tous ces éléments d'une façon rigolote et positive. En plus, quand on est deux, on a moins peur ! Une belle histoire d'amitié.

Prix Goncourt des Lycéens en 2016, le premier roman de Gaël Faye est une valeur sûre. Tout au long du récit, on oscille entre l'insouciante légèreté du regard d'un enfant de onze ans au Burundi en 1994 et les incursions dans son quotidien de la violence guerrière, intermittentes puis omniprésentes.
Gaël Faye décrit sans misérabilisme la montée des périls entre Hutus et Tutsis et donne à voir la complexité des sociétés africaines.
Ici, pas de grand souffle littéraire mais une fraîcheur d'écriture qui porte un récit quasi autobiographique.

Par les écrans du monde retrace les parcours entremêlés de trois personnages plongés au cœur du 11 septembre 2001 : le pilote du Boeing qui se crashe sur l'une des deux tours jumelles, la jeune cadre ambitieuse d'une compagnie d'assurances siégeant au dernier étage, et son frère, vétéran de l'US Air Force, responsable de la sécurité de l'aéroport de Boston.
L'auteur fait entrer en résonance leurs traumatismes intérieurs, révélant des questionnements métaphysiques et construisant les mythes du récit de ce nouveau siècle.
Fanny Taillandier signe une fiction très documentée, une méditation historique au style littéraire d'une grande finesse.

Un livre de poèmes très courts et faciles à retenir pour un enfant de maternelle.
Les illustrations, aux couleurs vives,
empruntent à la géométrie pour parler avec fantaisie de l’homme et de l’oiseau.

Ce roman m'a fait découvrir les enjeux de la démobilisation de la Grande Guerre à travers des personnages tantôt attachants tantôt cyniques.
La cruauté de la guerre de 14 s'est poursuivie bien au-delà des tranchées.
Le style littéraire de l'auteur est à la fois très fin et prenant. Je recommande ce roman, bien documenté, en cette période de commémoration.

Ce livre est une plongée au cœur d’un village de campagne espagnol des années 30, racontée par la voix d’une vieille dame de 91 ans.
Elle se souvient de l’été 1936, durant lequel elle connait avec son frère « l’utopie libertaire » de la révolution républicaine.
Mais bien vite arrivent l’épreuve du retour au village, la réaction des paysans locaux, tenus par un seigneur tout-puissant et les relents d’une société médiévale, entretenue avec la complicité de l’Eglise.

Tout au long du livre, la révolution est commentée par l’œil souverain et accusateur de l’écrivain Bernanos, réfugié sur l’île de Majorque.

Ce roman est celui des désillusions d’une jeunesse. Il est rédigé dans une prose parlée et vivante, mélangeant les langues espagnole et française.
On pense au roman d’Ernest Hemingway Pour qui sonne le glas et il nous donne envie de (re)découvrir l’œuvre de Bernanos.

Extrait : « La révolution est-elle mort-née ? se demandait Joseph en regardant sa mule noire tourner autour de la noria. Dois-je faire le deuil de la vie dont j’avais tant rêvé à Lérida ? Est-ce ce qu’on appelle mûrir ? Cette défaite ? »

Album lu et relu avec mon fils de 2 ans et demi : histoire testée et approuvée des deux côtés!
Les dialogues permettent à celui qui raconte d'imiter les voix des personnages. On captive l'attention de l'enfant et on découvre au final que les plus petits sont souvent les plus courageux!

A la première écoute de ce livre-audio, on est secoué par les partis pris audacieux des musiciens de The Amazing Keystone Big Band. A la seconde écoute, on découvre qu'à chaque personnage correspond un univers musical et on détaille les illustrations magnifiques de Rose Poupelain. A la troisième écoute, on se laisse porter par la douce voix d'Edouard Baer... Puis, on appuie à nouveau sur "play" et on ne peut plus s'en passer...

Iles de Norvège, début du XXème siècle. Roy Jacobsen décrit avec humilité le quotidien d'une famille de pêcheurs dans un style fluide qui nous entraîne à tourner les pages. On est fasciné par la vie de ces enfants aux responsabilités d'adultes. Le combat de l'homme contre la nature et la fraîcheur des paysages évoquent les pêcheurs d'Islande de Pierre Loti. Un roman dépaysant, où l'on apprend que la Norvège n'est pas que le pays du saumon mais aussi celui du hareng...

Ecrite par le journaliste ayant révélé "l'affaire" Clearstream, cette BD retrace l'errance d'un père et de son fils sur les routes d'Alsace-Moselle. On navigue entre les hauts fourneaux et les sites touristiques où l'on découvre l'ennui et la misère sociale de sites post-industriels qui peinent à trouver un avenir. Les visites des parcs d'attractions et autres zoos sont prétexte à l'évocation de la vie politique et des histoires locales. Une peinture sombre de nos contrées, magnifiquement illustrée par le trait fin de Franck Biancarelli.